V. Les deux émotions

L'Éveil du Rêve

V. Les deux émotions

J’ai dit que tu n’avais que deux émotions, l’amour et la peur. L’une est inchangeable mais continuellement échangée, étant offerte par les éternels aux éternels. Dans cet échange elle s’étend, car elle augmente en étant donnée. L’autre prend de nombreuses formes, car le contenu des illusions individuelles diffère grandement. Or elles ont une chose en commun : elles sont toutes insanes. Elles sont faites de vues qui ne se voient pas et de sons qui ne s’entendent pas. Elles composent un monde privé qui ne peut être partagé. Car elles ne sont signifiantes que pour leur faiseur; donc elles n’ont aucune signification. Dans ce monde leur faiseur se meut seul, car lui seul les perçoit.


Chacun peuple son monde de figures tirées de son passé individuel, et c’est pour cela que les mondes privés diffèrent. Or les figures qu’il voit n’ont jamais été réelles, car elles sont faites uniquement de ses réactions envers ses frères et n’incluent pas leurs réactions envers lui. Par conséquent, il ne voit pas que c’est lui qui les a faites et qu’elles ne sont pas entières. Car ces figures n’ont pas de témoins, étant perçues dans un seul esprit séparé.


C’est par l’entremise de ces étranges figures d’ombre que les insanes sont en relation avec leur monde insane. Car ils ne voient que ceux qui leur rappellent ces images et c’est avec eux qu’ils entrent en relation. Ainsi ils communiquent avec ceux qui ne sont pas là, et ce sont eux qui leur répondent. Et personne n’entend leur réponse, sauf celui qui les a appelés, et lui seul croit qu’ils lui ont répondu. La projection fait la perception, et tu ne peux pas voir au-delà. Tu as attaqué ton frère maintes et maintes fois, parce que tu voyais en lui une figure d’ombre dans ton monde privé. C’est ainsi que tu dois d’abord t’attaquer toi-même, car ce que tu attaques n’est pas en autrui. Cela n’a de réalité que dans ton propre esprit, et en attaquant les autres tu attaques littéralement ce qui n’est pas là.


Ceux qui délirent peuvent être très destructeurs, car ils ne reconnaissent pas qu’ils se sont condamnés eux-mêmes. Ils ne souhaitent pas mourir, et pourtant ils ne veulent pas lâcher prise de la condamnation. Ainsi ils se séparent dans leurs mondes privés, où tout est désordonné, et où ce qui est au-dedans semble être au-dehors. Or ce qui est au-dedans, ils ne le voient pas, car ils ne savent pas reconnaître la réalité de leurs frères.


Tu n’as que deux émotions, mais dans ton monde privé tu réagis à chacune d’elles comme si c’était l’autre. Car l’amour ne peut pas demeurer dans un monde à part, où quand il vient il n’est pas reconnu. Si tu vois ta propre haine comme étant ton frère, tu ne le vois pas. Chacun s’approche de ce qu’il aime, et recule devant ce qu’il craint. Or tu réagis à l’amour avec crainte, et tu t’en éloignes. Pourtant la peur t’attire et, croyant que c’est l’amour, tu l’appelles à toi. Ton monde privé est rempli des figures de la peur que tu y as invitées, et tout l’amour que t’offrent tes frères, tu ne le vois pas.


Quand tu regardes ton monde les yeux grands ouverts, il doit te venir à l’esprit que tu t’es retiré dans l’insanité. Tu vois ce qui n’est pas là, et tu entends ce qui ne produit pas de son. Tes manifestations d’émotions sont l’opposé de ce que sont les émotions. Tu ne communiques avec personne et tu es aussi isolé de la réalité que si tu étais seul dans tout l’univers. Dans ta folie tu passes complètement sur la réalité, et tu ne vois que ton propre esprit divisé partout où tu regardes. Dieu t’appelle et tu n’entends pas, car tu te préoccupes de ta propre voix. Et la vision du Christ est hors de ta vue, car tu ne regardes que toi.


Petit enfant, voudrais-tu offrir cela à ton Père ? Car si tu l’offres à toi-même, tu l’offres à Lui. Et Il ne le rendra pas, car cela est indigne de toi parce que c’est indigne de Lui. Or Il voudrait t’en délivrer et te rendre libre. Sa saine Réponse te dit que ce que tu t’es offert n’est pas vrai, mais Son offrande pour toi n’a jamais changé. Toi qui ne sais pas ce que tu fais, tu peux apprendre ce qu’est l’insanité, et regarder au-delà. Il t’est donné d’apprendre comment nier l’insanité et sortir en paix de ton monde privé. Tu verras tout ce que tu as nié en tes frères pour l’avoir nié en toi-même. Car tu les aimeras, et en t’approchant d’eux, tu les attireras vers toi, les percevant comme des témoins de la réalité que tu partages avec Dieu. Je suis avec eux comme je suis avec toi, et nous les tirerons de leurs mondes privés, car de même que nous sommes unis, de même nous voudrions nous unir à eux. Le Père nous accueille tous dans la joie, et c’est la joie que nous devrions Lui offrir. Car chaque Fils de Dieu est à toi donné, à qui Dieu S’est donné Lui-même. Et c’est Dieu Que tu dois leur offrir, pour reconnaître le don qu’il t’a fait.


La vision dépend de la lumière. Tu ne peux pas voir dans les ténèbres. Or dans les ténèbres, dans le monde privé du sommeil, tu vois en rêve bien que tes yeux soient fermés. Et c’est là que ce que tu vois, tu l’as fait. Mais lâche prise des ténèbres et tout ce que tu as fait, tu ne le verras plus, car la vue de cela dépend du déni de la vision. Or il ne s’ensuit pas qu’en niant la vision tu ne puisses pas voir. Mais c’est ce que fait le déni, car par lui tu acceptes l’insanité, croyant que tu peux faire un monde privé et gouverner ta propre perception. Or pour cela, la lumière doit être exclue. Les rêves disparaissent quand la lumière est venue et que tu peux voir.


Ne cherche pas la vision par tes yeux, car tu as fait ta façon de voir afin de voir dans les ténèbres, et en cela tu es trompé. Audelà de ces ténèbres, et pourtant toujours en toi, se trouve la vision du Christ, Qui regarde tout dans la lumière. Ta «vision» vient de la peur, comme la Sienne de l’amour. Et Il voit pour toi, étant ton témoin du monde réel. Il est la manifestation du Saint- Esprit, contemplant toujours le monde réel, appelant ses témoins et les attirant vers toi. Il aime ce qu’il voit en toi, et Il voudrait l’étendre. Et Il ne retournera pas au Père avant d’avoir étendu ta perception jusqu’à Lui. Et là, de perception, il n’y en a plus, car Il t’a retourné au Père avec Lui.


Tu n’as que deux émotions, or tu as fait l’une et l’autre t’a été donnée. Chacune est une façon de voir, et des mondes différents surgissent de ces vues différentes. Vois par la vision qui t’est donnée, car par la vision du Christ Il Se contemple Lui-même. Et voyant ce qu’il est, Il connaît Son Père. Par-delà tes rêves les plus noirs, Il voit en toi le Fils non coupable de Dieu, resplendissant dans un parfait rayonnement que tes rêves ne pâlissent pas. Et cela tu le verras en regardant avec Lui, car Sa vision est le don d’amour qu’il te fait, à Lui donnée par le Père pour toi.


Le Saint-Esprit est la lumière dans laquelle le Christ se tient révélé. Tous ceux qui voudraient Le contempler peuvent Le voir, car ils ont demandé la lumière. Et ce n’est pas non plus Lui seul qu’ils verront, car Il n’est pas plus seul qu’ils ne le sont. Parce qu’ils ont vu le Fils, ils se sont élevés en Lui jusqu’au Père. Et tout cela ils le comprendront, parce qu’ils ont regardé au-dedans et ont vu au-delà des ténèbres le Christ en eux, et L’ont reconnu. Dans Sa saine vision ils se sont regardés eux mêmes avec amour, et ils se sont vus tels que le Saint-Esprit les voit. Et avec cette vision de la vérité en eux est venue toute la beauté du monde pour luire sur eux.

Merci!

Namhâ