III. La peur de la rédemption

L'Éveil du Rêve

III. La peur de la rédemption

Tu te demandes peut-être pourquoi il est tellement crucial que tu regardes ta haine afin d’en prendre la pleine mesure. Tu penses peut-être aussi qu’il serait assez facile pour le Saint- Esprit de te la montrer et de la dissiper sans que tu aies besoin de la faire monter à la conscience. Or il est encore un autre obstacle que tu as interposé entre toi-même et l’Expiation. Nous avons dit que personne n’admettrait la peur s’il la reconnaissait. Or dans ton état d’esprit désordonné, tu n’as pas peur de la peur. Tu ne l’aimes pas, mais ce n’est pas ton souhait d’attaquer qui t’effraie réellement. Tu n’es pas sérieusement perturbé par ton hostilité. Tu la gardes cachée parce que tu crains davantage ce qu’elle recouvre. Tu pourrais même regarder sans peur la plus noire des pierres angulaires de l’ego si tu ne croyais pas que, sans l’ego, tu trouverais au-dedans de toi quelque chose dont tu as plus peur encore. Tu n’as pas réellement peur de la crucifixion. Ta réelle terreur est de la rédemption.


Sous les fondements ténébreux de l’ego se trouve la mémoire de Dieu, et c’est cela dont tu as réellement peur. Car cette mémoire te rétablirait immédiatement à ta juste place, et c’est cette place que tu as cherché à quitter. Ta peur de l’attaque n’est rien en comparaison de ta peur de l’amour. Tu serais même prêt à regarder ton souhait brutal de tuer le fils de Dieu si tu ne croyais pas qu’il te sauve de l’amour. Car ce souhait a causé la séparation, et tu l’as protégé parce que tu ne veux pas que la séparation soit guérie. Tu te rends compte qu’en enlevant le noir nuage qui l’obscurcit, ton amour pour ton Père te pousserait à répondre à Son Appel et à bondir jusqu’au Ciel. Tu crois que l’attaque est le salut parce qu’elle t’empêcherait de le faire. Car au plus profond de toi, plus loin que les fondements de l’ego et bien plus fort qu’ils ne le seront jamais, il y a ton amour pour Dieu, qui brûle d’un feu intense, et Le Sien pour toi. C’est cela, en réalité, que tu veux cacher.


Honnêtement, n’est-il pas plus difficile pour toi de dire «j’aime » que «je hais»? Tu associes l’amour à la faiblesse et la haine à la force, et ton propre réel pouvoir te semble être ta réelle faiblesse. Car si tu entendais l’appel de l’amour, tu ne pourrais pas contrôler ta joie en lui répondant, et le monde entier que tu pensais avoir fait s’évanouirait. Le Saint-Esprit semble donc attaquer ta forteresse, car tu voudrais forclore Dieu, et ce n’est pas Sa Volonté d’être exclu.


Tu as bâti tout ton système de croyance insane parce que tu penses que tu serais impuissant en la Présence de Dieu, et tu voudrais te sauver de Son Amour parce que tu penses qu’il t’écraserait jusqu’à néant. Tu as peur qu’il t’emporte loin de toi-même et te fasse tout petit, parce que tu crois que l’immensité réside dans le défi et que l’attaque est grandeur. Tu penses avoir fait un monde que Dieu voudrait détruire; et qu’en L’aimant, ce que tu fais, tu jetterais ce monde, ce que tu ferais. Par conséquent, tu as utilisé le monde pour couvrir ton amour, et plus tu t’enfonces dans la noirceur des fondements de l’ego, plus tu t’approches de l’Amour qui est caché là. Et c’est cela qui t’effraie.


Tu peux accepter l’insanité parce que c’est toi qui l’as faite, mais tu ne peux pas accepter l’amour parce que ce n’est pas toi qui l’as fait. Tu préférerais être un esclave de la crucifixion qu’un Fils de Dieu dans la rédemption. Ta mort individuelle te semble avoir plus de valeur que ton unité vivante, car ce qui t’est donné ne t’est pas aussi précieux que ce que tu as fait. Tu as plus peur de Dieu que de l’ego, et l’amour ne peut entrer où il n’est pas le bienvenu. Mais la haine le peut, car elle entre de sa propre volition sans se soucier de la tienne.


Tu dois regarder tes illusions et ne pas les garder cachées, parce qu’elles ne reposent pas sur leur propre fondement. Dissimulées, elles paraissent fondées et semblent donc se soutenir elles-mêmes. Voilà l’illusion fondamentale sur laquelle les autres reposent. Car au-dessous d’elles, et dissimulé aussi longtemps qu’elles seront cachées, il y a l’esprit aimant qui pensait les avoir faites dans la colère. Et la douleur dans cet esprit est si apparente, lorsqu’elle est découverte, qu’il n’est pas possible de nier son besoin de guérison. Et tous les trucs et tous les jeux que tu lui offres ne peuvent le guérir, car là est la réelle crucifixion du Fils de Dieu.


Et pourtant il n’est pas crucifié. Là est à la fois sa douleur et sa guérison, car la vision du Saint-Esprit est miséricordieuse et Son remède est rapide. Ne cache pas tes souffrances à Sa vue, mais apporte-les-Lui avec joie. Dépose toute ta douleur devant Son éternelle santé d’Esprit et laisse-Le te guérir. Ne laisse aucune trace de douleur cachée à Sa lumière, et cherche avec soin dans ton esprit toutes les pensées que tu pourrais craindre de découvrir. Car Il guérira chaque petite pensée que tu as gardée pour te blesser, la lavera de sa petitesse et la rendra à l’immensité de Dieu.


Au-dessous de toute la grandiosité à laquelle tu tiens tant, se trouve ton réel appel à l’aide. Car tu appelles l’amour de ton Père comme ton Père t’appelle à Lui. Dans ce lieu que tu as caché, ta seule volonté est de t’unir au Père, en te souvenant de Lui avec amour. Tu trouveras ce lieu de vérité en le voyant en tes frères, car bien qu’ils puissent se tromper eux-mêmes, ils languissent comme toi après la grandeur qui est en eux. En la percevant tu l’accueilleras, et elle sera tienne. Car le Fils de Dieu a droit à la grandeur, et il n’est pas une illusion qui puisse le satisfaire ni le sauver de ce qu’il est. Seul son amour est réel, et seule sa réalité le contentera.


Sauve-le de ses illusions pour être à même d’accepter l’immensité de ton Père dans la paix et la joie. Mais n’exempte personne de ton amour, sinon tu cacheras dans ton esprit un lieu de ténèbres où le Saint-Esprit n’est pas le bienvenu. Ainsi tu t’exempteras toi-même de Son pouvoir guérisseur, car en n’offrant pas un amour total tu ne seras pas complètement guéri. La guérison doit être aussi complète que la peur, car là où il reste encore une trace de peur pour ternir sa bienvenue, l’amour ne peut entrer.


Toi qui préfères la séparation à la santé d’esprit, tu ne peux pas l’obtenir dans ton esprit juste. Tu étais en paix jusqu’à ce que tu demandes une faveur particulière. Et cette faveur, Dieu ne l’accorda point, car la requête Lui était étrangère, et tu ne pouvais pas demander cela d’un Père Qui aime véritablement Son Fils. Par conséquent, tu En as fait un père non aimant, exigeant de Lui ce que seul un tel père pourrait donner. Et la paix du Fils de Dieu fut fracassée, car il ne comprenait plus son Père. Il craignait ce qu’il avait fait, mais plus encore il craignait son Père réel, ayant attaqué sa propre glorieuse égalité avec Lui.


Dans la paix il n’avait besoin de rien et ne demandait rien. Dans la guerre il exigea tout et ne trouva rien. Car comment la douceur de l’amour pouvait-elle répondre à ses exigences, si ce n’est en s’en allant en paix pour retourner vers le Père ? Si le Fils ne souhaitait pas demeurer en paix, il ne pouvait pas demeurer du tout. Car un esprit enténébré ne peut pas vivre dans la lumière; il doit chercher un lieu de ténèbres où il puisse croire qu’il est là où il n’est pas. Dieu n’a pas permis que cela arrive. Or tu exigeais que cela arrive et tu as donc cru qu’il en était ainsi.


« Distinguer », c’est « rendre seul » et donc rendre esseulé. Dieu ne t’a pas fait cela. Pouvait-Il te mettre à part, connaissant que ta paix réside en Son Unité ? Il ne t’a nié que ta requête de douleur, car la souffrance n’est pas de Sa création. T’ayant donné la création, Il ne pouvait pas te la prendre. Il ne pouvait que répondre à ta requête insane par une saine réponse qui demeurerait avec toi dans ton insanité. C’est ce qu’il a fait. Nul ne peut faire autrement qu’abandonner l’insanité qui entend Sa réponse. Car Sa réponse est le point de référence au-delà des illusions, d’où tu peux regarder en arrière et voir qu’elles sont insanes. Mais cherche ce lieu et tu le trouveras, car l’Amour est en toi et t’y conduira.

Merci!

Namhâ