VII. L’inutile sacrifice
Au-delà de la piètre attraction de la relation d’amour particulière, et toujours obscurcie par celle-ci, est la puissante attraction du Père sur Son Fils. Il n’y a pas d’autre amour qui puisse te satisfaire, parce qu’il n’y a pas d’autre amour. C’est le seul amour qui soit pleinement donné et pleinement rendu. Étant complet, il ne demande rien. Étant entièrement pur, tous ceux qui sont joints en lui ont tout. Ce n’est la base d’aucune relation où entre l’ego. Car chaque relation dans laquelle l’ego s’embarque est particulière.
L’ego n’établit des relations que pour obtenir quelque chose. Et il voudrait que le donneur lui reste lié par la culpabilité. Quelle que soit la relation, il est impossible que l’ego y entre sans colère, car l’ego croit que la colère fait des amis. Ce n’est pas ce qu’il dit, mais c’est son but. Car l’ego croit réellement qu’il peut obtenir et garder en rendant coupable. Voilà son unique attraction; une attraction si faible qu’elle n’aurait pas du tout de prise, sauf que personne ne la reconnaît. Car il semble toujours que c’est par l’amour que l’ego attire; or il n’exerce aucune attraction sur quiconque perçoit que c’est par la culpabilité qu’il attire.
L’attraction maladive de la culpabilité doit être reconnue pour ce qu’elle est. Puisqu’elle a été rendue réelle pour toi, il est essentiel que tu la regardes clairement et que tu apprennes, en lui retirant ton investissement, à en lâcher prise. Nul ne choisirait de lâcher prise de ce qu’il croit avoir de la valeur. Or l’attraction de la culpabilité n’a de la valeur pour toi que parce que tu n’as pas regardé ce qu’elle est et l’as jugée complètement dans le noir. Quand nous la porterons à la lumière, tu te demanderas seulement pourquoi tu as jamais pu vouloir d’elle. Tu n’as rien à perdre à regarder les yeux grand ouverts, car une telle laideur n’a pas sa place dans ton saint esprit. Cet hôte de Dieu ne peut avoir là de réel investissement.
Nous avons dit plus tôt que l’ego tente de maintenir et d’augmenter la culpabilité, mais de telle façon que tu ne reconnaisses pas ce qu’elle te ferait. Car la doctrine fondamentale de l’ego est que ce que tu fais aux autres, tu y as échappé. L’ego ne veut de bien à personne. Or sa survie dépend de ta croyance que tu es exempté de ses intentions mauvaises. Par conséquent, il te conseille que si tu es son hôte, cela te permettra de diriger sa colère vers l’extérieur et ainsi de te protéger. Il s’embarque donc dans une interminable et infructueuse chaîne de relations particulières, de colère forgée et vouée à cette unique et insane croyance : que plus tu investis de la colère à l’extérieur de toi, plus tu es en sécurité.
C’est cette chaîne qui lie le Fils de Dieu à la culpabilité, et c’est cette chaîne que le Saint-Esprit voudrait ôter de son esprit saint. Car la chaîne de sauvagerie n’a pas sa place autour de l’hôte choisi de Dieu, qui ne peut se faire l’hôte de l’ego. Au nom de sa délivrance, et au Nom de Celui Qui voudrait le délivrer, regardons de plus près les relations que l’ego combine, et laissons le Saint- Esprit les juger véritablement. Car il est certain que si tu les examines, tu les Lui offriras avec joie. Ce qu’il peut en faire, tu ne le sais pas, mais tu deviendras désireux de le découvrir si tu es d’abord désireux de percevoir ce que tu en as fait.
D’une façon ou d’une autre, chaque relation que fait l’ego est fondée sur l’idée qu’en se sacrifiant lui-même, il devient plus gros. Le « sacrifice », qu’il considère comme une purification, est en fait la racine de son amer ressentiment. Car il préférerait attaquer directement, et éviter de retarder ce qu’il veut réellement. Or l’ego reconnaît la « réalité » telle qu’il la voit, et il admet que personne ne pourrait interpréter une attaque directe comme de l’amour. Or rendre coupable, c’est une attaque directe, même si cela n’en a pas l’air. Car les coupables s’attendent à l’attaque; et l’ayant cherchée, c’est ce qui les attire.
Dans ces relations insanes, l’attraction de ce que tu ne veux pas semble être beaucoup plus forte que l’attraction de ce que tu veux. Car chacun pense avoir sacrifié quelque chose à l’autre, et pour cela il le hait. Il pense pourtant que c’est ce qu’il veut. Il n’est pas du tout amoureux de l’autre. Il croit simplement qu’il est amoureux du sacrifice. Et pour ce sacrifice, qu’il exige de lui-même, il exige que l’autre accepte la culpabilité et se sacrifie lui-même aussi. Le pardon devient impossible, car l’ego croit que pardonner à un autre, c’est le perdre. C’est seulement par l’attaque sans le pardon que l’ego peut s’assurer de la culpabilité qui maintient la cohésion de toutes ses relations.
Or elles ne tiennent qu’en apparence. Car les relations, pour l’ego, signifient seulement que les corps sont ensemble. C’est toujours cela qu’exige l’ego, et il ne voit pas d’objection où qu’aille l’esprit et quoi qu’il pense, car cela semble sans importance. Tant que le corps est là pour recevoir son sacrifice, il est content. Pour l’ego l’esprit est privé, et seul le corps peut être partagé. Les idées sont foncièrement sans intérêt, sauf dans la mesure où elles rapprochent ou éloignent de lui le corps d’un autre. Et c’est sous ce rapport qu’il évalue les idées comme bonnes ou mauvaises. Ce qui rend un autre coupable et le tient par la culpabilité est «bon». Ce qui le délivre de la culpabilité est «mauvais», parce qu’il ne croirait plus que les corps communiquent, et ainsi il «disparaîtrait».
Souffrance et sacrifice sont les dons avec lesquels l’ego voudrait bénir toutes les unions. Et ceux qui sont unis à son autel acceptent la souffrance et le sacrifice comme prix de leur union. Dans ces alliances coléreuses, nées de la peur de la solitude et pourtant vouées à la continuation de la solitude, chacun cherche à soulager sa culpabilité en l’augmentant chez l’autre. Car chacun croit que cela diminue la culpabilité en lui. Il semble toujours que l’autre est en train de l’attaquer et de le blesser, peut-être avec des riens, peut-être «inconsciemment», mais jamais sans exiger de sacrifice. La furie de ceux qui sont joints à l’autel de l’ego excède de beaucoup la conscience que tu en as. Car de ce que l’ego veut réellement, tu ne te rends pas compte.
Chaque fois que tu es en colère, tu peux être sûr que tu as formé une relation particulière que l’ego a «bénie», car la colère est sa bénédiction. La colère prend de nombreuses formes, mais elle ne peut pas tromper longtemps ceux qui apprendront que l’amour n’apporte aucune culpabilité, et que ce qui apporte la culpabilité ne peut pas être l’amour et doit être la colère. Toute colère n’est rien de plus qu’une tentative pour amener quelqu’un à se sentir coupable, et cette tentative est la seule base qu’accepte l’ego pour les relations particulières. La culpabilité est le seul besoin qu’a l’ego, et aussi longtemps que tu t’identifies à lui, la culpabilité reste attirante pour toi. Or souviens-toi de ceci : être avec un corps, ce n’est pas communiquer. Et si tu penses que ce l’est, tu te sentiras coupable à propos de la communication et tu auras peur d’entendre le Saint-Esprit, reconnaissant dans Sa Voix ton propre besoin de communiquer.
Le Saint-Esprit ne peut pas t’enseigner à travers la peur. Et comment peut-Il communiquer avec toi tant que tu crois que communiquer, c’est t’esseuler? Manifestement, il est insane de croire qu’en communiquant, tu seras abandonné. Et pourtant beaucoup le croient. Car ils pensent qu’ils doivent garder leur esprit privé, sans quoi ils le perdraient, tandis que si leurs corps sont ensemble, leur esprit reste à eux. L’union des corps devient ainsi la façon de garder les esprits séparés. Car les corps ne peuvent pardonner. Ils peuvent seulement faire ce que l’esprit commande.
L’illusion de l’autonomie du corps et de son aptitude à vaincre la solitude n’est que le fonctionnement du plan de l’ego pour établir sa propre autonomie. Aussi longtemps que tu croiras qu’être avec un corps, c’est avoir de la compagnie, tu te sentiras forcé d’essayer de garder ton frère dans son corps, tenu là par la culpabilité. Et tu verras la sécurité dans la culpabilité et le danger dans la communication. Car l’ego enseignera toujours que la solitude est résolue par la culpabilité, et que la communication est la cause de la solitude. Malgré l’évidente insanité de cette leçon, beaucoup l’ont apprise.
Le pardon réside dans la communication aussi sûrement que la damnation réside dans la culpabilité. C’est la fonction d’enseignant du Saint-Esprit d’instruire ceux qui croient que la communication est la damnation que la communication est le salut. Et Il le fera, car le pouvoir de Dieu en Lui et en toi sont joints en une relation réelle, si sainte et si forte qu’elle peut vaincre même cela sans peur.
C’est par l’instant saint que ce qui semble impossible est accompli, montrant à l’évidence que ce n’est pas impossible. Dans l’instant saint la culpabilité n’exerce pas d’attraction, puisque la communication a été rétablie. Et la culpabilité, dont le seul but est d’interrompre la communication, n’a aucune fonction ici. Ici il n’y a pas de dissimulation, ni de pensées privées. Le désir de communiquer attire à lui la communication et vainc complètement la solitude. Il y a ici un pardon complet, car il n’y a aucun souhait d’exclure quiconque de ta complétude, dans la soudaine re-connaissance de la valeur du rôle qu’il y joue. Dans la protection de ton entièreté, tous sont invités et bienvenus. Et tu comprends que ta complétude est celle de Dieu, Dont le seul besoin est que tu sois complet. Car ta complétude te fait Sien en ta conscience. Et c’est ici que tu fais l’expérience d’être tel que tu as été créé, et tel que tu es.
Merci!
Namhâ