VI. Le jugement et le problème de l’autorité

L'Éveil du Rêve

VI. Le jugement et le problème de l’autorité

Nous avons déjà parlé du Jugement dernier, mais pas suffisamment en détail. Après le Jugement dernier, il n’y en aura plus. Le jugement est symbolique parce qu’au-delà de la perception il n’y a pas de jugement.Quand la Bible dit : «Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés », cela signifie que si tu juges la réalité d’autrui, tu ne pourras pas éviter de juger la tienne.


C’est le choix de juger plutôt que de connaître qui est la cause qui te fait perdre la paix. Le jugement est le processus sur lequel repose la perception mais non la connaissance. J’ai parlé de cela plus tôt quand j’ai mentionné, concernant le caractère sélectif de la perception, que l’évaluation en était l’évident préalable. Le jugement comporte toujours un rejet. Il ne souligne jamais uniquement les aspects positifs de ce qui est jugé, que ce soit en toi ou en autrui. Ce qui a été perçu et rejeté, ou jugé et trouvé insuffisant, reste dans ton esprit parce que tu l’as perçu. L’une des illusions dont tu souffres est de croire que ce que tu as jugé et rejeté n’a aucun effet. Cela ne peut pas être vrai à moins de croire aussi que ce que tu as jugé et rejeté n’existe pas. De toute évidence, ce n’est pas ce que tu crois, sinon tu ne l’aurais pas jugé et rejeté. Peu importe en définitive que ton jugement soit juste ou faux. Dans les deux cas tu places ta croyance dans l’irréel. Cela est inévitable quel que soit le type de jugement, parce que le jugement implique la croyance que tu peux faire une sélection parmi la réalité.


Tu n’as aucune idée de l’immense délivrance et de la paix profonde qui viennent d’une rencontre totalement dépourvue de jugement avec toi-même et avec tes frères. Quand tu reconnais ce que tu es et ce que sont tes frères, tu te rends compte que de les juger de quelque façon que ce soit n’a aucune signification. En fait, ce qu’ils signifient est perdu pour toi précisément parce que tu les juges. Toute incertitude vient du fait que tu te crois contraint de juger. Tu n’as pas besoin du jugement pour organiser ta vie, et tu n’en as certainement pas besoin pour t’organiser toi-même. En présence de la connaissance, tout jugement est automatiquement suspendu, et c’est ce processus qui permet à la re-connaissance de remplacer la perception.


Tu as très peur de tout ce que tu as perçu mais as refusé d’accepter. Tu crois que, parce que tu as refusé de l’accepter, tu en as perdu le contrôle. C’est pourquoi tu le vois dans tes cauchemars ou sous d’agréables déguisements dans ce qui semble être tes rêves plus heureux. Rien de ce que tu as refusé d’accepter ne peut être amené à la conscience. Ce n’est pas dangereux en soi mais tu en as fait quelque chose qui te paraît dangereux.

Quand tu es fatigué, c’est parce que tu t’es jugé capable d’être fatigué. Quand tu ris de quelqu’un, c’est parce que tu l’as jugé indigne. Quand tu ris de toi-même, il faut que tu ries aussi des autres, ne serait-ce que parce que tu ne peux pas supporter l’idée d’être plus indigne qu’ils le sont. Tout cela te fatigue parce que c’est essentiellement décourageant. Tu n’es pas réellement capable d’être fatigué, mais tu es parfaitement capable de te lasser. L’effort qu’exige le jugement incessant est pratiquement intolérable . Il est curieux qu’une aptitude aussi débilitante soit tellement chérie. Or si tu souhaites être l’auteur de la réalité, tu persisteras à t’accrocher au jugement. Tu considéreras aussi le jugement avec frayeur, croyant qu’un jour il sera utilisé contre toi. Cette croyance ne peut exister que dans la mesure où tu crois à l’efficacité du jugement comme arme de défense pour ta propre autorité.


Dieu n’offre que miséricorde. Tes paroles ne devraient refléter que la miséricorde, car c’est ce que tu as reçu et c’est ce que tu devrais donner. La justice est un expédient temporaire, ou une tentative pour t’enseigner la signification de la miséricorde. Elle juge uniquement parce que tu es capable d’injustice.

J’ai parlé de symptômes différents, et à ce niveau les variations sont presque infinies. Toutefois, il y a une seule cause pour elles toutes : le problème de l’autorité. C’est «la racine de tous les maux». Chaque symptôme que fait l’ego comporte une contradiction interne, parce que l’esprit est divisé entre l’ego et le Saint-Esprit, si bien que tout ce que fait l’ego est incomplet et contradictoire. Cette position intenable est le résultat du problème de l’autorité, qui, parce qu’il accepte comme prémisse la seule pensée inconcevable, ne peut produire que des idées qui sont inconcevables.


Le problème de l’autorité est en fait une question de titre d’auteur. Quand tu as un problème avec l’autorité, c’est toujours parce que tu crois que tu es l’auteur de toi-même et que tu projettes sur les autres ton propre délire. Alors tu perçois la situation comme si les autres se battaient littéralement avec toi pour être ton auteur. C’est l’erreur fondamentale que font tous ceux qui croient avoir usurpé le pouvoir de Dieu. Cette croyance leur fait très peur mais Dieu n’en est guère troublé. Il a toutefois très hâte de la défaire, non pour punir Ses enfants mais seulement parce qu’il connaît qu’elle les rend malheureux. Aux créations de Dieu est donné leur véritable titre d’Auteur, mais tu préfères être anonyme lorsque tu choisis de te séparer de ton Auteur. Étant incertain de ton véritable titre d’Auteur, tu crois que ta création était anonyme. Cela te laisse dans une position où il semble signifiant de croire que tu t’es créé toi-même. Cette dispute pour le titre d’auteur a laissé une telle incertitude dans ton esprit qu’il pourrait même douter que tu existes réellement.


Seuls ceux qui remettent tout souhait de rejeter peuvent connaître qu’il est impossible qu’eux-mêmes soient rejetés. Tu n’as pas usurpé le pouvoir de Dieu, mais tu l’as perdu. Heureusement, perdre une chose ne signifie pas qu’elle ait disparu. Cela signifie simplement que tu ne te rappelles pas où elle est. Son existence ne dépend pas de ton aptitude à l’identifier ou même à la situer. Il est possible de regarder la réalité sans porter de jugement, en connaissant simplement qu’elle est là.


La paix est l’héritage naturel du pur-esprit. Chacun est libre de refuser d’accepter son héritage, mais il n’est pas libre d’établir quel est son héritage. Le problème sur lequel chacun doit se décider, c’est la question fondamentale du titre d’auteur. Toute peur provient finalement, et parfois par des chemins très tortueux, du déni du titre d’Auteur. L’offense n’est jamais faite à Dieu, mais seulement à ceux qui Le nient. Nier Son titre d’Auteur, c’est te nier à toi-même la raison de ta paix, si bien que tu ne te vois toi-même que par segments. Cette étrange perception, c’est le problème de l’autorité.


Il n’en est pas un qui ne se sente emprisonné d’une façon ou d’une autre. Si cela est le résultat de sa propre libre volonté, il doit considérer sa volonté comme n’étant pas libre, sinon la circularité du raisonnement dans cette position serait très apparente. Une volonté libre doit conduire à la liberté. Le jugement emprisonne toujours parce qu’il sépare des segments de la réalité à l’échelle instable des souhaits. Les souhaits ne sont pas des faits. Souhaiter, cela implique que vouloir ne suffit pas. Or pas un dans son juste esprit ne croit que ce qu’il souhaite est aussi réel que ce qu’il veut. Au lieu de : « Cherchez premièrement Son Royaume », dis : « Voulez premièrement Son Royaume », et tu auras dit : «Je connais ce que je suis et j’accepte mon propre héritage.»

Merci!


Namhâ