V. L’illusion ego-corps

L'Éveil du Rêve

V. L’illusion ego-corps

Toutes choses concourent au bien. Il n’y a pas d’exception sauf dans le jugement de l’ego. L’ego exerce une vigilance maximale sur ce qu’il admet dans la conscience, et ce n’est pas de cette façon qu’un esprit équilibré maintient sa cohésion. L’ego devient encore plus déséquilibré parce qu’il soustrait à ta conscience sa motivation première, et qu’il fait prédominer le contrôle plutôt que la santé d’esprit. L’ego a toutes les raisons de faire cela, conformément au système de pensée qui l’a engendré et qu’il sert. Un jugement sain, inévitablement, jugerait et rejetterait l’ego, et l’ego doit donc l’oblitérer dans l’intérêt de sa propre préservation


Une source principale de l’état déséquilibré de l’ego est son manque de discrimination entre le corps et les Pensées de Dieu. Les Pensées de Dieu sont inacceptables pour l’ego, parce qu’elles indiquent clairement l’inexistence de l’ego même. C’est pourquoi l’ego soit les distord soit refuse de les accepter. Il ne peut pas, toutefois, les faire cesser d’être. Par conséquent, il essaie de dissimuler non seulement les impulsions «inacceptables» du corps mais aussi les Pensées de Dieu, parce que les deux représentent une menace pour lui. Se souciant principalement de sa propre préservation face à la menace, l’ego les perçoit comme étant les mêmes. En les percevant comme les mêmes, l’ego tente de se sauver d’être balayé, ce qu’il serait sûrement en présence de la connaissance.


Tout système de pensée qui confond Dieu et le corps doit être insane. Or cette confusion est essentielle pour l’ego, qui ne juge qu’en fonction de la menace ou de la non-menace contre lui. Dans un sens, sa peur de Dieu est au moins logique, puisque la seule idée de Lui dissipe l’ego. Mais la peur du corps, avec lequel l’ego s’identifie si étroitement, n’a absolument aucun sens.


Le corps est la demeure de l’ego de par son propre choix. C’est la seule identification avec laquelle l’ego se sent en sécurité, puisque la vulnérabilité du corps est son meilleur argument pour montrer que tu ne peux pas être de Dieu. Voilà la croyance que l’ego parraine ardemment. Et pourtant l’ego hait le corps, parce qu’il ne peut l’accepter comme une assez bonne demeure pour lui. C’est là que l’esprit devient vraiment tout étourdi. L’ego lui ayant dit qu’il fait vraiment partie du corps et que le corps est son protecteur, voilà qu’il dit aussi à l’esprit que le corps ne peut pas le protéger. Alors l’esprit demande : «Où puis-je obtenir protection?», à quoi l’ego répond : «Tourne-toi vers moi.» Mais l’esprit, non sans raison, rappelle à l’ego qu’il a lui-même insisté sur son identification avec le corps, de sorte que rien ne sert de se tourner vers lui pour être protégé. À cela l’ego n’a pas de vraie réponse parce qu’il n’y en a pas, mais il a une solution typique. Il oblitère la question du champ de la conscience. Une fois sortie de la conscience, la question peut provoquer, et de fait provoque un malaise, mais elle ne peut pas trouver de réponse parce qu’elle ne peut pas être posée.


Voilà la question qui doit être posée : « Où puis-je obtenir protection ? » « Cherchez, et vous trouverez » ne signifie pas que tu doives chercher aveuglément et désespérément quelque chose que tu ne reconnaîtrais pas. Une recherche signifiante est une recherche entreprise consciemment, consciemment organisée et consciemment dirigée. Il faut que le but soit formulé clairement et gardé à l’esprit. Apprendre et vouloir apprendre sont inséparables. Tu apprends le mieux quand tu crois que ce que tu essaies d’apprendre a de la valeur pour toi. Toutefois, ce n’est pas tout ce que tu veux apprendre qui ait une valeur durable. De fait, il se peut que bien des choses que tu veux apprendre aient été choisies parce que leur valeur ne durera pas.


L’ego trouve avantageux de ne pas s’engager envers quoi que ce soit qui est éternel, parce que l’éternel doit venir de Dieu. L’éternalité est la seule fonction que l’ego ait essayé de développer, mais en échouant systématiquement. L’ego transige sur la question de l’éternel, de même qu’il transige sur tous les points qui touchent de près ou de loin à la vraie question. En s’occupant de questions digressives, il espère cacher la vraie question et la garder hors de l’esprit. L’affairement caractéristique de l’ego à tout ce qui est non essentiel sert précisément à cela. Ces préoccupations de problèmes ainsi montés qu’ils sont impossibles à résoudre sont des mécanismes favoris de l’ego pour freiner le progrès de l’apprentissage. Or la seule question que ne posent jamais ceux qui suivent ces tactiques de diversion est la suivante : « Pour quoi ? » C’est la question que tu dois apprendre à poser à propos de tout. Quel est le but? Quel qu’il soit, il dirigera automatiquement tes efforts. Quand tu décides du but, donc, tu décides de tes efforts futurs; et cette décision restera effective à moins que tu ne changes d’esprit.

Merci!

Namhâ