V. Le choix de la complétude
Lorsqu’on regarde la relation particulière, il est d’abord nécessaire de se rendre compte qu’elle comporte énormément de douleur. L’anxiété, le désespoir, la culpabilité et l’attaque y entrent tous, entrecoupés de périodes où ils semblent avoir disparu. Ils doivent tous être compris pour ce qu’ils sont. Quelque forme qu’ils prennent, ce sont toujours des attaques contre le soi afin de rendre l’autre coupable. J’en ai parlé plus tôt, mais il y a certains aspects de ce qui est réellement tenté qui n’ont pas été abordés.
Tout simplement, la tentative pour rendre coupable est toujours dirigée contre Dieu. Car l’ego voudrait que tu Le voies, Lui et seulement Lui, comme coupable, laissant la Filialité exposée à l’attaque et sans protection contre elle. La relation d’amour particulière est l’arme principale de l’ego pour te garder loin du Ciel. Ça n’a pas l’air d’une arme, mais si tu considères combien tu l’estimes et pourquoi, tu te rendras compte de ce qu’elle doit être.
La relation d’amour particulière est le don dont l’ego est le plus fier et celui qui a le plus d’attrait pour ceux qui sont indésireux de renoncer à la culpabilité. La « dynamique » de l’ego est on ne peut plus claire ici, car, faisant fond sur l’attraction de cette offrande, les fantasmes qui tournent autour d’elle sont souvent très évidents. Ici, ils sont généralement jugés acceptables et même naturels. Personne ne considère qu’il est bizarre d’aimer et haïr à la fois, et même ceux qui croient que la haine est un péché se sentent simplement coupables, mais ne la corrigent pas. Cela est la condition «naturelle» de la séparation, et ceux qui apprennent qu’elle n’est pas naturelle du tout semblent être ceux qui ne sont pas naturels. Car ce monde est l’opposé du Ciel, étant fait pour être son opposé, et tout ici prend une direction exactement opposée à ce qui est vrai. Au Ciel, où la signification de l’amour est connue, l’amour est la même chose que l’union. Ici, où l’illusion de l’amour est acceptée à la place de l’amour, l’amour est perçu comme étant la séparation et l’exclusion.
C’est dans la relation particulière, née du souhait caché d’être aimé de Dieu particulièrement, que triomphe la haine de l’ego. Car la relation particulière est le renoncement à l’Amour de Dieu, ainsi que la tentative pour assurer au soi la particularité qu’il a refusée. Il est essentiel pour la préservation de l’ego que tu croies que cette particularité n’est pas l’enfer, mais le Ciel. Car l’ego ne voudrait jamais que tu voies que la séparation ne peut être qu’une perte, étant l’unique condition dans laquelle le Ciel ne peut pas être.
Pour chacun, le Ciel est complétude. Il ne peut y avoir de désaccord là-dessus, parce que l’ego et le Saint-Esprit l’acceptent tous deux. Toutefois, ils sont en complet désaccord sur ce qu’est la complétude et comment elle s’accomplit. Le Saint-Esprit connaît que la complétude réside d’abord dans l’union, puis dans l’extension de l’union. Pour l’ego, la complétude réside dans le triomphe, et dans l’extension de la «victoire» jusqu’au triomphe final sur Dieu. En cela il voit la liberté suprême du soi, car il ne resterait plus rien qui fasse interférence avec l’ego. Voilà son idée du Ciel. Par conséquent l’union, qui est une condition dans laquelle l’ego ne peut pas interférer, doit être l’enfer.
La relation particulière est un mécanisme de l’ego, étrange et contre nature, pour joindre l’enfer et le Ciel et les rendre indistinguables. Et cette tentative pour trouver un imaginaire «meilleur» des deux mondes n’a fait que mener aux fantasmes des deux, et à l’incapacité de percevoir l’un ou l’autre tel qu’il est. La relation particulière est le triomphe de cette confusion. C’est une sorte d’union d’où l’union est exclue, et la base de la tentative d’union repose sur l’exclusion. Pourrait-il y avoir meilleur exemple de la maxime de l’ego : «Cherche mais ne trouve pas»?
Le plus curieux est le concept du soi que l’ego favorise dans la relation particulière. Ce «soi» cherche la relation pour se rendre complet. Or quand il trouve la relation particulière dans laquelle il pense pouvoir accomplir cela, il se donne et tente de « s’échanger » lui-même contre le soi d’un autre. Cela n’est pas l’union, car il n’y a ni augmentation ni extension. Chaque partenaire essaie de sacrifier le soi qu’il ne veut pas pour un autre soi qu’il pense qu’il préférerait. Et il se sent coupable du «péché» d’avoir pris, sans rien donner en retour qui ait de la valeur. Quelle valeur peut-il accorder à un soi qu’il voudrait donner pour en obtenir un « meilleur » ?
Le soi « meilleur » que cherche l’ego est toujours un soi qui est plus particulier. Et quiconque semble posséder un soi particulier est «aimé» pour ce qui peut lui être pris. Là où les deux partenaires voient ce soi particulier en l’autre, l’ego voit «une union bénie du Ciel». Car ni l’un ni l’autre ne reconnaîtra qu’il a demandé l’enfer, donc ils n’interféreront pas avec l’illusion de Ciel que l’ego leur a offerte pour interférer avec le Ciel. Or si toutes les illusions sont des illusions de peur, et elles ne peuvent être rien d’autre, l’illusion du Ciel n’est rien de plus qu’une forme plus « attrayante » de peur, où la culpabilité est enfouie profondément et ressort sous forme d’«amour».
L’attrait de l’enfer réside uniquement dans la terrible attraction de la culpabilité, que l’ego présente à ceux qui placent leur foi dans la petitesse. La conviction de petitesse réside dans chaque relation particulière, car seuls ceux qui ont été privés de quelque chose pourraient estimer la particularité. L’exigence de particularité, et la perception du don de particularité comme un acte d’amour, rendent l’amour plein de haine. Le but réel de la relation particulière, en stricte conformité avec les buts de l’ego, est de détruire la réalité et de lui substituer l’illusion. Car l’ego est lui-même une illusion, et seules des illusions peuvent être les témoins de sa «réalité».
Si tu percevais la relation particulière comme un triomphe sur Dieu, en voudrais-tu? Ne pensons pas à sa nature apeurante, ni à la culpabilité qu’elle doit entraîner, ni encore à la tristesse et à la solitude. Car ce ne sont là que des attributs de toute la religion de séparation, et du contexte total dans lequel on pense qu’elle se produit. Le thème central de sa litanie sacrificielle est que Dieu doit mourir pour que tu puisses vivre. Et c’est ce thème qui est mis en scène dans la relation particulière. Par la mort de ton soi, tu penses pouvoir attaquer un autre soi, et l’arracher à l’autre pour remplacer le soi que tu méprises. Et tu le méprises parce que tu ne penses pas qu’il t’offre la particularité que tu exiges. Ainsi, le haïssant, tu l’as fait petit et indigne, parce que tu en as peur.
Comment peux-tu accorder un pouvoir illimité à ce que tu penses avoir attaqué ? La vérité est devenue pour toi si effrayante que tu n’oserais pas la regarder à moins qu’elle ne soit faible, petite et indigne de valeur. Tu penses qu’il est plus sûr de doter le petit soi que tu as fait d’un pouvoir que tu as arraché à la vérité, triomphant d’elle et la laissant impuissante. Vois avec quelle exactitude ce rituel est mis en scène dans la relation particulière. Un autel est érigé entre deux personnes séparées, sur lequel chacune essaie de tuer son propre soi et d’élever sur son corps un autre soi qui tirera son pouvoir de sa mort. Ce rituel est mis en scène encore et encore. Il n’est jamais complété et ne sera jamais complété. Le rituel du complètement ne peut pas compléter, car la vie ne naît pas de la mort, ni le Ciel de l’enfer.
Chaque fois qu’une forme quelconque de relation particulière te tente de chercher l’amour dans un rituel, souviens-toi que l’amour est contenu, et non forme d’aucune sorte. La relation particulière est un rituel de la forme, qui vise à élever la forme pour qu’elle prenne la place de Dieu aux dépens du contenu. Il n’y a pas de signification dans la forme et il n’y en aura jamais. La relation particulière doit être reconnue pour ce qu’elle est : un rituel insensé dans lequel la force est extraite de la mort de Dieu, puis investie dans Son assassin comme signe que la forme a triomphé du contenu, et que l’amour a perdu sa signification. Voudrais-tu que cela soit possible, même en dehors du fait que c’est une évidente impossibilité ? Si c’était possible, tu te serais rendu toi-même impuissant. Dieu n’est pas en colère. Simplement, Il ne pouvait pas permettre que cela se produise. Tu ne peux pas changer Son Esprit. Aucun des rituels que tu as montés pour t’y délecter de la danse macabre ne peut porter la mort
à l’éternel. Pas plus que ce que tu as choisi comme substitut à l’Entièreté de Dieu ne peut avoir sur lui la moindre influence.
Ne vois rien de plus dans la relation particulière qu’une tentative in-signifiante pour élever d’autres dieux devant Lui et pour obscurcir en les adorant leur petitesse et Sa grandeur. Au nom de ta complétude, tu ne veux pas cela. Car chaque idole que tu élèves pour la placer devant Lui se tient devant toi, à la place de ce que tu es.
Le salut réside dans le simple fait que les illusions ne sont pas apeurantes parce qu’elles ne sont pas vraies. Elles ne paraissent apeurantes que dans la mesure où tu manques de les reconnaître pour ce qu’elles sont; et tu manqueras de le faire dans la mesure où tu veux qu’elles soient vraies. Dans la même mesure, tu nies la vérité, et ainsi tu manques de faire le simple choix entre vérité et illusion; entre Dieu et fantasme. Souviens-toi de cela, et tu n’auras pas de difficulté à percevoir la décision exactement telle qu’elle est, sans rien de plus.
Le coeur de l’illusion de séparation consiste simplement dans le fantasme de destruction de la signification de l’amour. Et à moins que la signification de l’amour ne te soit rendue, tu ne peux pas te connaître toi-même, toi qui partages sa signification. La séparation n’est que la décision de ne pas te connaître toi-même. Ce système de pensée tout entier est une expérience d’apprentissage soigneusement élaborée, destinée à t’amener loin de la vérité et jusque dans le fantasme. Or pour chaque apprentissage qui te blesserait, Dieu t’offre la correction et l’évasion complète hors de toutes ses conséquences.
La décision d’écouter ou non ce cours et de le suivre ou non, n’est que le choix entre la vérité et l’illusion. Car ici est la vérité, séparée de l’illusion et pas du tout confondue avec elle. Comme ce choix devient simple lorsqu’il est perçu seulement comme étant ce qu’il est. Car seuls les fantasmes rendent la confusion possible dans le choix, et ils sont totalement irréels.
Cette année est donc le temps de prendre la décision la plus facile à laquelle tu aies jamais été confronté, qui est aussi la seule. Tu traverseras le pont et entreras dans la réalité simplement parce que tu reconnaîtras que Dieu est de l’autre côté et que rien du tout n’est ici. Il est impossible de ne pas prendre la décision naturelle quand cela est compris.
Merci!
Namhâ