VI. AU-DELÀ DU CORPS
Il n’y a rien à l’extérieur de toi. À la fin, c’est cela que tu dois apprendre, car c’est te rendre compte que le Royaume des Cieux t’est rendu. Car Dieu n’a créé que cela, et Il ne l’a pas quitté ni laissé séparé de Lui-même. Le Royaume des Cieux est la demeure du Fils de Dieu, qui n’a pas quitté son Père et ne demeure pas à part de Lui. Le Ciel n’est ni un lieu ni une condition. C’est simplement la conscience d’une parfaite Unité, et la connaissance qu’il n’y a rien d’autre : rien en dehors de cette Unité, et rien d’autre au-dedans.
Que pourrait donner Dieu, sauf la connaissance de Lui-même ? Qu’y a-t-il d’autre à donner? La croyance que tu pourrais donner et obtenir quelque chose d’autre, quelque chose d’extérieur à toi, t’a coûté la conscience du Ciel et de ton Identité. Et tu as fait une chose plus étrange encore que tu ne le croies. Tu as déplacé ta culpabilité de ton esprit à ton corps. Or un corps ne peut être coupable, car il ne peut rien faire de lui-même. Toi qui penses haïr ton corps, tu te trompes toi-même. C’est ton esprit que tu hais, car la culpabilité y est entrée, et il voudrait rester séparé de celui de ton frère, ce qu’il ne peut pas faire.
Les esprits sont joints; les corps ne le sont pas. Ce n’est qu’en assignant à l’esprit les propriétés du corps que la séparation semble possible. Et c’est l’esprit qui semble être fragmenté, privé et seul. Sa culpabilité, qui le garde séparé, est projetée sur le corps, qui souffre et meurt parce qu’il est attaqué pour tenir la séparation dans l’esprit et l’empêcher de connaître son Identité. L’esprit ne peut pas attaquer, mais il peut faire des fantasmes et dicter au corps de les réaliser. Or ce n’est jamais ce que fait le corps qui semble satisfaire. À moins que l’esprit ne croie que le corps est effectivement en train de réaliser ses fantasmes, il attaquera le corps en augmentant la projection de sa culpabilité sur lui.
En cela il est clair que l’esprit délire. Il ne peut pas attaquer, mais il maintient qu’il le peut et pour le prouver il utilise ce qu’il fait pour blesser le corps. L’esprit ne peut pas attaquer, mais il peut se tromper lui-même. Et c’est tout ce qu’il fait quand il croit avoir attaqué le corps. Il peut projeter sa culpabilité, mais il ne la perdra pas par la projection. Et bien qu’il puisse manifestement malpercevoir la fonction du corps, il ne peut rien changer à sa fonction telle que le Saint-Esprit l’établit. Le corps n’a pas été fait par l’amour. Or l’amour ne le condamne pas et peut l’utiliser avec amour, respectant ce que le Fils de Dieu a fait et l’utilisant pour le sauver des illusions.
Ne voudrais-tu pas que les instruments de la séparation soient réinterprétés comme moyens pour le salut et utilisés à des fins d’amour? N’est-ce pas volontiers que tu accueillerais et soutiendrais le passage des fantasmes de vengeance à ta délivrance d’eux? Il est clair que ta perception du corps peut être malade, mais ne projette pas cela sur le corps. Car ton souhait de rendre destructeur ce qui ne peut détruire ne peut pas du tout avoir d’effet réel. Ce que Dieu a créé est seulement tel qu’il le voudrait, étant Sa Volonté. Tu ne peux pas rendre Sa Volonté destructrice. Tu peux faire des fantasmes dans lesquels ta volonté est en conflit avec la Sienne, mais c’est tout.
Il est insane d’utiliser le corps comme bouc émissaire de la culpabilité, en dirigeant son attaque puis en le blâmant de ce que tu souhaitais qu’il fasse. Il est impossible de réaliser des fantasmes. Car ce que tu veux, c’est encore les fantasmes, et ils n’ont rien à voir avec ce que fait le corps. Il ne rêve pas d’eux, et ils font de lui un handicap alors qu’il pourrait être un atout. Car les fantasmes ont fait de ton corps ton « ennemi »; faible, vulnérable et traître, digne de la haine que tu investis en lui. Comment cela t’a-t-il servi ? Tu t’es identifié à cette chose que tu hais, l’instrument de la vengeance et la source perçue de ta culpabilité. Tu as fait cela à une chose qui n’a pas de signification, proclamant qu’elle était la demeure du Fils de Dieu et la retournant contre lui.
Voilà l’hôte de Dieu que tu as fait. Ni Dieu ni Son très saint Fils ne peuvent entrer dans une demeure qui abrite la haine, et où tu as semé les graines de la vengeance, de la violence et de la mort. Cette chose que tu as faite pour servir ta culpabilité se dresse entre toi et d’autres esprits. Les esprits sont joints, mais ce n’est pas à eux que tu t’identifies. Tu te vois enfermé dans une prison séparée, isolée et inaccessible, incapable d’atteindre autrui comme d’être atteint. Tu hais cette prison que tu as faite, et tu voudrais la détruire. Mais tu ne voudrais pas t’en évader sans lui nuire et sans lui imposer ta culpabilité.
Or c’est seulement ainsi que tu peux t’évader. Le foyer de la vengeance n’est pas le tien; la place que tu réserves pour y loger ta haine n’est pas une prison mais une illusion de toi-même. Le corps est une limite imposée à la communication universelle, qui est l’éternelle propriété de l’esprit. Mais la communication est interne. L’esprit s’atteint lui-même. Il n’est pas fait de différentes parties, qui s’atteignent les unes les autres. Il ne va pas au-dehors. Au-dedans de lui-même, il n’a pas de limites, et il n’y a rien au-dehors de lui. Il englobe tout. Il t’englobe entièrement : toi au-dedans de lui et lui au-dedans de toi. Il n’y a rien d’autre, nulle part ni jamais.
Le corps est à l’extérieur de toi et il ne t’entoure qu’en apparence, te coupant des autres, te gardant à part d’eux, et eux de toi. Il n’est pas là. Il n’y a pas de barrière entre Dieu et Son Fils, pas plus que Son Fils ne peut être séparé de Lui-même, sauf dans l’illusion. Ce n’est pas sa réalité, même s’il le croit. Or cela ne pourrait être que si Dieu faisait erreur. Pour que cela soit possible, il aurait fallu que Dieu crée différemment, et qu’il Se soit séparé Lui-même de Son Fils. Il aurait fallu qu’il crée des choses différentes et qu’il établisse différents ordres de réalité dont certains seulement auraient été l’amour. Or l’amour doit être à jamais pareil à lui-même, à jamais inchangeable et à jamais sans alternative. Et il est ainsi. Tu ne peux pas mettre une barrière autour de toi, parce que Dieu n’en a pas placé entre Lui-même et toi.
Tu peux tendre la main et toucher au Ciel. Toi dont la main est jointe à celle de ton frère, tu as commencé à tendre au-delà du corps, mais pas à l’extérieur de toi, pour atteindre ensemble votre Identité partagée. Pourrait-Elle être à l’extérieur de toi? Là où Dieu n’est pas ? Est-Il un corps, et t’a-t-Il créé tel qu’il n’est pas, et où Il ne peut pas être ? Tu n’es entouré que de Lui. Quelles limites pourrais-tu avoir, toi qu’Il englobe?
Chacun a éprouvé ce qu’on pourrait appeler le sentiment d’être transporté hors de lui-même. Ce sentiment de libération dépasse de beaucoup le rêve de liberté qui est parfois espéré dans les relations particulières. C’est le sentiment d’une réelle évasion hors de toute limitation. Si tu considères ce que ce « transport » entraîne réellement, tu te rendras compte que tu perds soudain toute conscience du corps tout en te joignant à quelque chose d’autre en quoi ton esprit s’élargit jusqu’à l’englober. Il devient une partie de toi, quand tu t’unis à lui. Et les deux deviennent entiers, lorsque ni l’un ni l’autre ne sont perçus comme séparés. Ce qui se passe réellement, c’est que tu as abandonné l’illusion d’une conscience limitée tout en perdant ta peur de l’union. L’amour qui la remplace instantanément s’étend et s’unit à ce qui t’a libéré. Tant que cela dure, tu n’es pas incertain de ton Identité et tu ne voudrais pas La limiter. Tu t’es échappé de la peur pour entrer dans la paix, en acceptant simplement la réalité sans lui poser de questions. Tu as accepté cela à la place du corps, et tu t’es permis de ne faire qu’un avec quelque chose qui se trouve au-delà, simplement en ne laissant pas ton esprit être limité par lui.
Cela peut se produire indépendamment de la distance physique qu’il semble y avoir entre toi et ce à quoi tu te joins; de vos positions respectives dans l’espace; et de vos différences de taille ou d’apparente qualité. Le temps n’importe pas; cela peut se produire avec quelque chose de passé, de présent ou d’anticipé. Ce « quelque chose » peut être n’importe quoi, n’importe où : un son, une vue, une pensée, un souvenir ou même une idée générale sans référence précise. Or dans chaque cas, tu te joins à cette chose sans réserve, parce que tu l’aimes et voudrais être avec elle. Ainsi tu te précipites à sa rencontre, laissant fondre tes limites, suspendant toutes les «lois» auxquelles ton corps obéit et les mettant doucement de côté.
Il n’y a pas du tout de violence dans cette évasion. Le corps n’est pas attaqué, il est simplement perçu correctement. Il ne te limite pas pour la simple raison que tu ne voudrais pas qu’il le fasse. Tu n’es pas réellement «soulevé hors» de lui : il ne peut pas te contenir. Tu vas où tu voudrais être, en y gagnant, et non perdant, un sentiment de Soi. En ces instants de délivrance des restrictions physiques, tu éprouves en grande partie ce qui se passe dans l’instant saint : la levée des barrières du temps et de l’espace, l’expérience soudaine de paix et de joie et, par-dessus tout, le manque de conscience du corps, et de questionnement quant à savoir si tout cela est possible ou non.
C’est possible parce que tu le veux. La soudaine expansion de conscience à laquelle ton désir donne lieu, c’est l’appel irrésistible que contient l’instant saint. Il t’appelle à être toi même, dans sa sûre étreinte. Là les lois des limites sont levées pour toi, pour t’accueillir à l’ouverture d’esprit et à la liberté. Viens en ce lieu de refuge où tu peux être toi-même en paix. Non par destruction, ni par effraction, mais par une simple et paisible fusion. Car c’est là que la paix se joindra à toi, simplement parce que tu as été désireux de lâcher prise des limites que tu avais imposées à l’amour et que tu t’es joint à lui là où il est et là où il t’a conduit, en réponse à son doux appel à être en paix.
Merci!!
Namhâ