L’INSTANT SAINT
I. Les deux usages du temps
Peux-tu imaginer ce que cela signifie de n’avoir pas de soucis, pas d’inquiétudes, pas d’anxiétés, mais d’être simplement parfaitement calme et tranquille tout le temps ? Or voilà à quoi sert le temps; à apprendre cela et rien de plus. L’Enseignant de Dieu ne peut pas être satisfait de Son enseignement tant qu’il ne constitue pas tout ton apprentissage. Il n’a pas rempli Sa fonction d’enseignant tant que tu n’es pas devenu un apprenant si constant que tu n’apprends que de Lui. Quand cela se sera produit, tu n’auras plus besoin d’un enseignant ni de temps dans lequel apprendre.
Il est une source de découragement perçu dont tu souffres peut-être et c’est de croire que cela prend du temps, et que les résultats de l’enseignement du Saint-Esprit se situent loin dans le futur. Il n’en est rien. Car le Saint-Esprit utilise le temps à Sa Propre façon, sans être lié par lui. Le temps est Son ami en enseignement. Il ne Le gaspille pas, comme il fait de toi. Tout le gaspillage que le temps semble apporter n’est dû qu’à ton identification à l’ego, qui utilise le temps pour soutenir sa croyance en la destruction. L’ego, comme le Saint-Esprit, utilise le temps pour te convaincre du caractère inévitable du but et de la fin de l’enseignement. Pour l’ego le but est la mort, qui est sa fin. Mais pour le Saint Esprit le but est la vie, qui n’a pas de fin.
L’ego est un allié du temps, mais pas un ami. Car il est aussi méfiant à l’égard de la mort que de la vie; et ce qu’il veut pour toi, il ne peut le tolérer. L’ego veut ta mort, mais pas la sienne. Le résultat de son étrange religion doit donc être la conviction de pouvoir te poursuivre outre-tombe. Et dans son indésir de te voir trouver la paix même dans la mort, il t’offre l’immortalité en enfer. Il te parle du Ciel, mais il t’assure que le Ciel n’est pas pour toi. Comment les coupables peuvent-ils espérer le Ciel?
La croyance en l’enfer est inéluctable pour ceux qui s’identifient à l’ego. Leurs cauchemars et leurs peurs y sont tous associés. L’ego enseigne que l’enfer est dans le futur, car tout son enseignement va dans cette direction. L’enfer est son but. Car bien que l’ego vise la mort et la dissolution comme fin, il n’y croit pas. Le but de mort, qu’il souhaite ardemment pour toi, le laisse insatisfait. Nul n’est sans la peur de la mort qui suit les enseignements de l’ego. Or si la mort était considérée simplement comme une fin à la douleur, serait-elle crainte? Nous avons déjà vu ce paradoxe étrange dans le système de pensée de l’ego, mais jamais aussi clairement qu’ici. Car l’ego doit sembler te garder loin de la peur pour conserver ton allégeance. Or il doit engendrer la peur pour se maintenir lui-même. Encore une fois l’ego essaie, et trop fréquemment avec succès, de faire les deux, en utilisant la dissociation pour tenir ses buts contradictoires ensemble, de sorte qu’ils semblent être réconciliés. L’ego enseigne ainsi : La mort est la fin de tout espoir en ce qui concerne le Ciel. Or parce que toi et l’ego ne pouvez pas être séparés, et parce qu’il ne peut concevoir sa propre mort, il te poursuivra encore, parce que la culpabilité est éternelle. Telle est l’immortalité selon la version de l’ego. Et c’est cela que sa version du temps soutient.
L’ego enseigne que le Ciel est ici et maintenant parce que le futur est l’enfer. Même quand il attaque sauvagement au point d’attenter à la vie de quelqu’un qui pense que sa voix est la seule qui soit, même à lui il parle de l’enfer. Car il lui dit que l’enfer est aussi ici, et il l’enjoint de faire le saut de l’enfer dans l’oubli. Le seul temps que l’ego permette à quiconque de regarder avec équanimité, c’est le passé. Et encore, sa seule valeur est qu’il n’est plus.
Comme il est morne et désespérant l’usage que l’ego fait du temps ! Comme il est terrifiant ! Car sous son insistance fanatique pour que le passé et le futur soient les mêmes, se cache une menace beaucoup plus insidieuse pour la paix. L’ego n’affiche pas son ultime menace, car il voudrait que ses adorateurs croient encore qu’il peut leur offrir une évasion. Mais la croyance en la culpabilité doit mener à la croyance en l’enfer, ce qu’elle fait toujours. La seule façon dont l’ego permette d’éprouver la peur de l’enfer, c’est en portant l’enfer ici, mais toujours comme un avantgoût du futur. Car nul ne peut croire que le châtiment finira dans la paix, qui pense mériter l’enfer.
Le Saint-Esprit enseigne ainsi : Il n’y a pas d’enfer. L’enfer est seulement ce que l’ego a fait du présent. La croyance en l’enfer est ce qui t’empêche de comprendre le présent, parce que tu en as peur. Le Saint-Esprit conduit aussi constamment au Ciel que l’ego pousse en enfer. Car le Saint-Esprit, Qui ne connaît que le présent, l’utilise pour défaire la peur par laquelle l’ego voudrait rendre le présent inutile. Il n’y a pas d’évasion hors de la peur selon l’usage que l’ego fait du temps. Car le temps, dans son enseignement, n’est qu’un mécanisme d’enseignement pour accumuler la culpabilité jusqu’à ce qu’elle englobe tout et réclame une vengeance éternelle.
Le Saint-Esprit déferait tout cela maintenant. La peur n’est pas du présent mais seulement du passé et du futur, qui n’existent pas. Il n’y a pas de peur dans le présent quand chaque instant se détache clairement, séparé du passé et sans son ombre s’étirant jusque dans le futur. Chaque instant est une naissance, propre, non ternie, par laquelle le Fils de Dieu émerge du passé dans le présent. Et le présent s’étend à jamais. Il est si beau et si propre et libre de culpabilité qu’il n’y a là rien d’autre que le bonheur. Il n’y a plus aucun souvenir de ténèbres, et l’immortalité et la joie sont maintenant.
Cette leçon ne prend pas de temps. Car qu’est-ce que le temps sans passé ni futur? Il a fallu du temps pour te fourvoyer si complètement, mais il ne faut pas du tout de temps pour être ce que tu es. Commence à t’exercer dans l’usage du temps que fait le Saint-Esprit comme aide à l’enseignement vers le bonheur et la paix. Prends l’instant même, maintenant, et imagine que c’est tout le temps qu’il y a. Rien ne peut t’atteindre ici qui vienne du passé, et c’est ici que tu es complètement absous, complètement libre et entièrement sans condamnation. À partir de cet instant saint dans lequel la sainteté est née à nouveau, tu avanceras dans le temps sans crainte et sans sentiment de changement avec le temps.
Le temps est inconcevable sans changement; or la sainteté ne change pas. Apprends de cet instant davantage que le simple fait que l’enfer n’existe pas. En cet instant rédempteur réside le Ciel. Et le Ciel ne changera pas, car la naissance dans le saint présent est le salut qui délivre du changement. Le changement est une illusion, enseignée par ceux qui ne peuvent pas se voir non coupables. Il n’y a pas de changement au Ciel parce qu’il n’y a pas de changement en Dieu. Dans l’instant saint, où tu te vois toimême resplendissant de liberté, tu te souviendras de Dieu. Car se souvenir de Lui, c’est se souvenir de la liberté.
Si tu es tenté de te décourager en pensant au temps qu’il te faudrait pour changer d’esprit aussi complètement, demandetoi : « Combien de temps dure un instant? » Ce peu de temps, ne pourrais-tu pas le donner au Saint-Esprit pour ton salut? Il n’en demande pas plus, car Il n’a pas besoin de plus. Il faut bien plus de temps pour t’enseigner à être désireux de le Lui donner qu’il n’en faut pour qu’il emploie ce très court instant à t’offrir le Ciel tout entier. En échange de cet instant, Il Se tient prêt à te donner le souvenir de l’éternité.
Jamais tu ne donneras cet instant saint au Saint-Esprit au nom de ta délivrance tant que tu seras indésireux de le donner à tes frères au nom de la leur. Car l’instant de sainteté est partagé et ne peut pas être à toi seul. Souviens-toi, donc, quand tu es tenté d’attaquer un frère, que son instant de délivrance est le tien. Les miracles sont les instants de délivrance que tu offres, et recevras. Ils témoignent de ton désir d’être délivré, et d’offrir le temps au Saint-Esprit pour l’usage qu’Il en fait.
Combien de temps dure un instant? Il dure aussi peu pour ton frère que pour toi. Exerce-toi à donner cet instant béni de liberté à tous ceux qui sont esclaves du temps, et fais tu temps un ami pour eux. Leur instant béni, le Saint-Esprit te le donne par le don que tu en fais. Comme tu le donnes, Il te l’offre. Ne sois pas indésireux de donner ce que tu voudrais recevoir de Lui, car tu te joins à Lui en donnant. Dans la pureté cristalline de la délivrance que tu donnes, est ton évasion instantanée hors de la culpabilité. Tu dois être saint si tu offres la sainteté.
Combien de temps dure un instant? Autant qu’il en faut pour rétablir une parfaite santé d’esprit, une paix parfaite et un amour parfait pour chacun, pour Dieu et pour toi-même. Autant qu’il en faut pour te souvenir de l’immortalité, et de tes créations immortelles qui la partagent avec toi. Autant qu’il en faut pour échanger l’enfer contre le Ciel. Assez longtemps pour transcender tout ce que l’ego a fait, et pour monter vers ton Père.
Le temps est ton ami, si tu en laisses l’usage au Saint-Esprit. Il n’a besoin que de très peu pour te rendre tout le pouvoir de Dieu. Lui Qui transcende le temps pour toi comprend à quoi sert le temps. La sainteté ne réside pas dans le temps, mais dans l’éternité. Il n’y eut jamais un instant dans lequel le Fils de Dieu pouvait perdre sa pureté. Son état inchangeable est au-delà du temps, car sa pureté reste à jamais au-delà de l’attaque et sans variabilité. Dans sa sainteté, le temps s’arrête et ne change pas. Ainsi ce n’est plus du tout le temps. Car pris en ce seul instant de l’éternelle sainteté de la création de Dieu, il est transformé en toujours. Donne l’instant éternel afin que l’éternité soit rappelée à ton souvenir, en cet instant éclatant de parfaite délivrance. Offre le miracle de l’instant saint par le Saint-Esprit, et laisse-Lui le soin de te le donner.
Merci!
Namhâ